Rôle génétique dans la non-union des fractures

La mal-union et la non-union dans la consolidation osseuse de fractures, auprès de personnes en santé, pourraient être imputables à des variations génétiques, selon des travaux rapportés dans le Journal of Bone and Joint Surgery [1].

« Nous avons trouvé une association entre certains polymorphismes génétiques et le délai de guérison prolongée auprès de notre échantillon », explique Dr. Spence Reid, chargé d’enseignement en orthopédie et réadaptation au Penn State College.

Sans statuer formellement sur l’association directe entre génétique et guérison osseuse, la publication se veut introductrice et permet d’ouvrir la voie à d’autres travaux sur le sujet.

Dr. Reid poursuit en ajoutant que « bien que notre étude soit préliminaire, elle a démontré la faisabilité de travaux à plus grande échelle. C’est ce sur quoi nos efforts sont présentement orientés.»

L’application la plus intéressante de ces conclusions pourrait être en lien avec son implémentation à grande échelle. À titre exemplatif, des tests de dépistage génétique permettraient d’identifier les patients à risque de consolidation osseuse réduite ou prolongée.

Ces derniers pourraient donc se voir offrir des avenues thérapeutiques plus agressives, dès leur arrivée à l’hôpital, de façon à minimiser les conséquences d’un déconditionnement prolongé.

Près de 20 millions de fractures osseuses sont rapportées en Amérique du Nord, sur une base annuelle. Dans près de 10% des cas, la guérison est anormale.

Plusieurs facteurs de risque permettent de prédire la non-union : tabagisme, utilisation prolongée d’AINS, faible taux de vitamine D, âgisme, etc. Malgré tout, un bon nombre de cas sont exempts de facteurs prédictifs et surviennent de façon inexplicable.

« Certaines fractures guérissent plus lentement sans raison apparente et nous nous sommes donc demandé s’il n’y a pas une composante génétique associée », explique Reid.

Avec l’aide de ses collègues, il a sélectionné 33 patients diagnostiqués avec une non-union atrophique  dont un des critères est l’absence de consolidation osseuse dans les 6 mois suivant la fracture osseuse.

Un groupe de 29 patients ayant fait état d’une guérison osseuse normale, a aussi été inclus, à titre de groupe contrôle.

Grâce à des prélèvements au niveau buccal, les chercheurs ont séquencé l’ADN des patients étudiés. Ils se sont particulièrement intéressés à des sites de variation génétique, les polymorphismes nucléotidiques simples (SNP).

En identifiant 30 polymorphismes nucléotidiques simples, les analyses génétiques ont permis de démontrer que ceux-ci étaient plus présents chez les patients dont la consolidation osseuse était retardée.

Le groupe de recherche planifie actuellement étudier la question en s’intéressant à un plus grand nombre de polymorphismes, et ce, auprès d’une population plus nombreuse.

« Nous pourrions développer des modèles animaux, dotés de ces polymorphismes, afin d’observer en détail leur impact sur les fractures », poursuit Reid.

En principe, l’identification des variations génétiques prédictives de pauvre guérison osseuse permettrait des applications multiples, du dépistage des patients à la personnalisation des traitements. En ce qui a trait à la science fondamentale, cela permettra indéniablement de mieux saisir les bases biologiques de la guérison osseuse.

Références

  1. Reid & al. Single Nucleotide Polymorphisms in Osteogenic Genes in Atrophic Delayed Fracture-Healing (Lien)

Orthopédie