André Caron Physiothérapeute

Exclusif : Entrevue avec André Caron

Physiothérapeute, thérapeute en réadaptation physique et ostéopathe, André Caron prône les initiatives de tous les membres de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) et croit que l’avancement de la profession passe par un travail collaboratif.

Pourriez-vous préciser votre prise de position sur l’intégration dans l’OPPQ des ostéopathes, kinésiologues, thérapeutes et autres groupes?

Cette question revient souvent et la réponse est complexe et difficile à donner, car plusieurs acteurs sont concernés. D’ailleurs, chaque professionnel devrait avoir droit à son propre ordre professionnel. Nous ne savons malheureusement pas d’où va venir la décision ou l’obligation d’intégrer d’autres groupes à l’OPPQ.

Si elle vient du gouvernement ou de l’Office des professions, nous serons obligés de composer avec cette décision et il nous faudra consulter chaque membre sous la forme d’un référendum pour savoir ce qu’ils en pensent. Il s’agit d’une question difficile à laquelle j’aimerais pouvoir répondre oui ou non, mais la réponse ne viendra pas de la présidence de l’Ordre.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres candidats?

Ce qui me distingue principalement des autres candidats concerne l’aspect collaboratif et la communication. Je suis le seul à parler d’éthique, car il existe beaucoup d’incertitudes dans les zones grises. J’aborde aussi la question de la modernisation de l’Ordre qui est très importante. Je pense que pour faire des changements, il faut avoir un regard extérieur et nouveau ce que je peux avoir parce que je ne suis pas un produit de la culture de l’Ordre.

Il faudra poser un nouveau regard, apporter des nouvelles façons de faire et innover. Je pense avoir les outils pour y arriver. J’ai l’avantage de mon inconvénient. J’ai l’inconvénient de ne pas être un produit de l’Ordre, mais j’ai l’avantage justement de pas avoir les œillères qui viennent avec.

Vous prévoyez-vous diminuer les lourdeurs à l’OPPQ. Comment pensez-vous y arriver?

En ce qui concerne ces lourdeurs, je pense que nous devons procéder à une modernisation en faisant un remaniement de la réglementation. Le rôle d’un praticien est de travailler avec le client. Or, on sait que ce qui est de plus en plus demandé au niveau professionnel fait en sorte que les gens ont de moins en moins de temps à passer avec leurs clients. De plus, on manque d’effectifs dans tous les milieux.

Il y a beaucoup de temps qui est passé pour toutes sortes de considérations et je pense que c’est ce qu’il faut simplifier. Il s’agit notamment de tous les mécanismes de contrôle et des différentes demandes aux professionnels dont la tenue de dossiers. Nous sommes dans les rares professionnels à avoir des dossiers aussi étoffés. Ça représente beaucoup d’avantages, mais énormément d’inconvénients aussi. Dans ce sens, il faut revoir tous les processus pour essayer de les alléger et les simplifier au maximum. 

Pensez-vous que la tenue de dossiers est une tâche trop académique et qu’elle mériterait d’être modifiée ou à tout de moins adaptée?

Je pense que ça peut être nettement remodelé et simplifié. Je pense que c’est important, car il y a beaucoup de temps qui est appliqué à la tenue de dossiers alors que ce temps pourrait être mis sur le patient et sur les services offerts.

Que pensez-vous de l’instauration des programmes de doctorat de premier cycle en physiothérapie, comme il se fait aux États-Unis?

Je pense qu’il faut pousser le plus loin possible. Je pense que c’est important de propulser nos acquis et nos compétences vers l’avant. On parle souvent des pratiques avancées, mais ce dossier n’est pas vraiment dans nos mains. Il faut aussi consolider nos acquis ce qui est un peu délaissé.

Il existe pleins de formations intéressantes qui ne sont pas poussées au maximum. Je pense qu’il faut voir de l’avant. Personne n’est contre la vertu, surtout pas moi. Il est certain qu’un travail collaboratif avec toutes les instances permettant d’améliorer le sort de la profession est important et ne doit pas être négligé par l’Ordre.

Quels avantages voyez-vous à être titulaire à la fois, de formation technique de réadaptation physique et en physiothérapie ?

Je pourrais vous dire que j’ai même les trois parce que j’ai la formation en ostéopathie, mais j’en parle plus ou moins parce qu’ils ne sont pas membres de l’Ordre actuellement. Le fait d’avoir cette double ou cette triple formation me permet d’avoir un regard plus large quant aux différents enjeux et je pense que c’est un outil important.

Comme le rôle de la présidence est d’avoir une vue d’ensemble et de déterminer la coordination générale de l’Ordre afin d’établir la direction à prendre, je pense que ces formations me donnent un atout important. Je préconise une forme de leadership collaboratif qui implique plus de gens dans les décisions stratégiques, mais je pense tout de même que d’avoir un regard plus large est indispensable.

Quel enjeu est le plus important pour les professionnels de la physiothérapie?

Je pense que la notion de communication est un problème actuel. Plusieurs informations ne circulent pas. Il y a un aspect émotif pour les membres. Plusieurs se sentent à part et ont l’impression de ne pas faire partie du questionnement. On ne doit pas craindre l’Ordre, mais on doit essayer de travailler avec tous les membres.

Cette ignorance empêche le développement de nouveaux dossiers et je pense que les états généraux et la planification stratégique sont de bons moyens de connaître le pouls de tous les membres. Ce genre de consultations devraient se faire à d’autres moments, car il est prioritaire de connaître l’avis des membres.

Des échos du terrain laissent croire à la formation prochaine d’une association québécoise de la physiothérapie. Quelle est votre position à ce sujet?

Je ne vois pas d’inconvénients à ce qu’il y ait plus de représentation et plus de gens qui veuillent travailler à faire développer la profession. Il faut augmenter les lieux d’échanges afin de permettre un dialogue. Le dialogue doit se faire dans les deux sens en partant de la base pour remonter vers le haut et retourner vers le bas par la suite.

N’importe quelle instance comprenant des gens qui se regroupent et émettent des opinions pour faire avancer les choses représente un gain. Plus les processus sont démocratiques et plus les gens s’intéressent et participent, plus il y a plus de chances qu’on atteigne les buts attendus.

De quelle manière pensez-vous informer les 6500 membres des activités de l’Ordre?

Les façons traditionnelles de communiquer, comme les envois postaux, sont déjà bien établies, mais en ce qui concerne les nouvelles plateformes, je pense qu’un fil de nouvelles en continu serait un bon moyen de communiquer. Il pourrait y avoir une fenêtre qui affiche les cinq ou dix dossiers qui sont actuellement en roulement à l’Ordre afin de publier un état de la situation de ces dossiers et leur avancement chaque semaine.

Il y a aussi des tables de concertation et des tournées provinciales qui pourraient être réalisées plus régulièrement. Je pense qu’il faut aussi se déplacer pour discuter auprès des membres. Le colloque 360 pourrait être un bon moment pour prendre le pouls et passer des sondages. Il pourrait aussi y avoir des questions de type référendaire pour connaître l’avis des membres.

Comment prévoyez-vous élargir le champ de pratique des physiothérapeutes?

Il faut avoir de l’innovation et celle-ci doit être stimulée par l’Ordre. Il y a déjà des initiatives qui sont réalisées dans différents milieux, mais elles ne sont pas propagées. On parle beaucoup des pratiques avancées et certaines clientèles ont été laissées pour compte ces dernières années.

Il va falloir questionner le public pour savoir ce dont il a besoin en réadaptation et comment on peut les rejoindre, car il y a un décalage entre ce qu’il attend et ce que les membres offrent. Je pense qu’il y a donc un travail à faire à ce sujet.

Certains membres innovent en mettant sur pied des projets comme c’est le cas avec le programme pied qui s’est propagé. L’Ordre doit être le moteur et le catalyseur de ces énergies et doit faire en sorte que ça se répande. Le colloque 360 permet de le faire, mais je pense qu’il y aurait une possibilité de développer ça d’une autre façon.

Quelles actions prévoyez-vous pour améliorer la condition des TRP?

On veut voir progresser la profession. Il y a déjà beaucoup d’acquis qui ne sont pas exploités. Il existe un problème actuellement avec le règlement 94M, car certaines personnes ne comprennent toujours pas exactement le règlement après dix ans.

Je pense qu’il faut viser l’autonomie maximale de chacun des membres. La collaboration entre les différentes professions de physiothérapies doit être améliorée. Les pratiques avancées sont importantes, mais les compétences ne sont pas exploitées complètement. Il y a donc du travail à faire à ce sujet.

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