Université de Sherbrooke - Haïti

Stimuler l’humanisme, de Sherbrooke à Port-au-Prince

Le programme de physiothérapie de l’Université de Sherbrooke fait d’une pierre deux coups, grâce au déploiement d’une équipe en réadaptation à Port-au-Prince, incluant stagiaires et physiothérapeutes expérimentés. Depuis les tremblements de terre en Haïti, une vingtaine d’intervenants de la sphère physiothérapeutique ont participé à ces missions dont le dénominateur commun est l’offre d’une aide humanitaire dans un contexte d’urgence. Qui plus est, le projet recrute activement des physiothérapeutes souhaitant prendre part à l’initiative.

Anne-Marie Côté, physiothérapeute et coordonnatrice de la formation clinique.

Anne-Marie Côté, physiothérapeute et coordonnatrice de la formation clinique.

Ces stages humanitaires, qui en seront à leur quatrième édition, permettent de répondre à des besoins criants au sein d’une population au prise avec des problématiques médicales d’envergure, tout en offrant un milieu de stages on ne peut plus valorisant aux futurs cliniciens de l’institution sherbrookoise.

Une des assises essentielles à la pratique en physiothérapie est ce désir indéniable de vouloir changer le cours des choses. Que ce soit en pratique privée ou publique, à l’échelle locale ou internationale, les physiothérapeutes et thérapeutes en réadaptation physique du Québec sont stimulés par une multitude d’idéaux. Pourtant, ceux-ci sont immanquablement liés à des valeurs de dévouement et d’humanisme à l’endroit des patients.

Dans ce contexte, Mme Anne-Marie Côté, coordonatrice de la formation clinique à l’Université de Sherbrooke, partage ses réflexions quant à l’initiative qu’elle chapeaute. Physiothérapeute de formation, elle souhaite également lancer un appel à ses collègues, avec l’objectif avoué d’impliquer les cliniciens actifs au sein de cette aventure.

Quelle est l’histoire de ce projet et comment a-t-il débuté?

Le projet de Clinique de réadaptation en collaboration avec l’Hôpital de la communauté haïtienne a débuté en septembre 2011. Suite au tremblement de terre survenu quelques mois plus tôt, la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke avait déjà envoyé quelques missions médicales afin d’offrir des services médicaux d’urgence à la population. Les équipes sur place avaient alors souligné le grand besoin en matière de services de réadaptation et le manque de ressources disponibles.

Fort de ce constat, l’École de réadaptation a répondu à l’appel et s’est impliquée auprès de l’Hôpital de la communauté haïtienne afin de développer une offre de service en ergothérapie et en physiothérapie. Dans un pays où la réadaptation était très peu développée, le défi d’ouvrir une telle clinique était grand !

Depuis maintenant quatre ans, un total de 12 stagiaires en physiothérapie et de 12 stagiaires en ergothérapie accompagnés de 8 physiothérapeutes et 8 ergothérapeutes superviseurs a eu l’opportunité d’œuvrer à la clinique de réadaptation de l’Hôpital de la communauté haïtienne.

Pour vos étudiants, qu’ont-ils pu apprendre de nouveau dans ce contexte ?

Pour les étudiants, l’opportunité de faire un stage clinique à Haïti représente une expérience d’une richesse incontestée. Au niveau de l’apprentissage de la physiothérapie, leur raisonnement clinique est constamment mis au défi puisqu’ils doivent pratiquer dans un contexte très différent où les ressources parfois plus limitées les amènent à développer leur créativité et à chercher des solutions novatrices.

La qualité de l’encadrement fourni par les physiothérapeutes-superviseurs leur permet à la fois d’être soutenus dans leurs apprentissages tout en leur permettant de développer une capacité d’adaptation afin de pouvoir composer avec la nouveauté. Les étudiants sont également appelés à développer leur leadership puisqu’ils doivent participer à la gestion quotidienne de la clinique au sein de l’hôpital ainsi qu’aux différents tâches administratives qui en découlent.

Les apprentissages faits par les étudiants dépassent cependant largement les objectifs académiques visés dans le cadre d’un stage traditionnel. En effet, en côtoyant les patients à la clinique ainsi que le personnel de l’hôpital, les stagiaires découvrent la richesse de la culture haïtienne. Tous s’entendent pour dire que, ce qui les marque le plus au cours de leur stage, c’est les personnes qu’ils ont rencontrées et les sourires sur leurs visages.

Pour un physiothérapeute en exercice, quels sont les avantages d’une telle expérience ?

Parmi les physiothérapeutes qui ont accompagné des étudiants, on compte autant de récents gradués qui souhaitaient vivre une expérience en physiothérapie à l’international, que des physiothérapeutes d’expérience qui étaient à la recherche d’un nouveau défi professionnel.

Pour l’ensemble des superviseurs qui ont accompagné des groupes de stagiaires à Haïti, l’expérience s’est avérée très enrichissante, autant au point de vue humain que professionnel. En effet, les six semaines de stage représentent une opportunité de vivre de nouveaux défis et de pratiquer la physiothérapie dans un contexte complètement original. Les superviseurs ont eu l’occasion de travailler auprès d’une clientèle des plus diversifiée, souvent fort différente de celle qu’ils voient dans le cadre de leur pratique quotidienne.

De plus, dans un contexte de stage à l’étranger où tous les participants sont appelés à démontrer une certaine capacité d’adaptation, le partage entre superviseur et étudiant devient rapidement une source d’enrichissement mutuel. D’une part, les physiothérapeutes-superviseurs ont beaucoup à offrir aux étudiants. Fort de leur expérience et de leur bagage clinique, les superviseurs sont bien placés pour guider les étudiants face aux situations nouvelles qui se présentent en stage et pour les aider à réfléchir sur les défis cliniques rencontrés.

En contrepartie, les superviseurs se sont dits très stimulés par le contact avec les étudiants. En effet, l’enthousiasme avec laquelle les étudiants s’impliquent au sein de la clinique de réadaptation de l’hôpital et la motivation avec laquelle ils tentent de faire rayonner la physiothérapie dans un pays où la réadaptation est peu développée devient contagieuse pour l’ensemble de l’équipe.

Que diriez-vous aux plus réticents des physiothérapeutes, soit ceux qui aimeraient se lancer dans l’aventure mais qui hésitent à quitter temporairement leur emploi ou leur famille ?

Plusieurs éléments sont facilitants pour réaliser une expérience de travail à l’international. Premièrement, une formation préalable au départ est essentielle pour une expérience réussie. En effet, la formation pré-départ permet non seulement de bien situer le projet à l’étranger et ses retombées mais elle permet également de faire le point sur ses attentes personnelles avant de partir. D’être adéquatement soutenu dans cette réflexion sur ses motivations et sur ses attentes prévient souvent les déceptions ou les frustrations qui pourraient survenir en cours de route.

Deuxièmement, d’avoir une structure d’accueil bien établie avec un partenaire local engagé est un élément clé pour assurer le bon déroulement du stage et pour assurer la sécurité au cours du stage. En effet, dans ce type d’expérience, d’avoir accès à des personnes ressources sur place qui peuvent conseiller judicieusement facilite l’intégration et l’adaptation à la culture locale et permet également de porter des actions culturellement sensibles.

Finalement, d’avoir une équipe de soutien et un projet déjà bien défini permet de se concentrer sur la clinique et sur les soins aux patients. Ainsi, tous les acteurs impliqués collaborent dans une même direction et unissent leurs forces afin de faire avancer un projet commun.

Comment participer ?

Le Programme de physiothérapie de l’Université de Sherbrooke est à la recherche de physiothérapeutes intéressés à vivre ce type d’expérience et à s’impliquer au sein de la Clinique de réadaptation de l’Hôpital de la communauté haïtienne avec un petit groupe d’étudiants de 4e année en physiothérapie. Si vous souhaitez avoir davantage d’informations sur le projet, veuillez contacter Anne-Marie Côté par courriel ([email protected]) ou par téléphone (1-800-267-8337 poste 72908).

Université de Sherbrooke