Suivi systématique - Prothèse totale

Le suivi systématique profite à l’Hôtel-Dieu de Roberval

À chaque année, plus de 20 000 chirurgies orthopédiques visant un remplacement total de l’articulation du genou ou de la hanche sont réalisées au Québec. [1]

Face à la nécessité croissante de ces interventions, aux compressions budgétaires et à la pénurie de main d’oeuvre, l’Hôtel-Dieu de Roberval responsabilise ses patients en prônant une nouvelle approche : le suivi systématique.[2]

Le patient comme moteur de sa réadaptation

En soit, le suivi systématique n’est pas un acte réservé ni une activité professionnelle. Davantage un modèle organisationnel adopté, au besoin, par des établissements de santé, il permet tant aux physiothérapeutes qu’aux médecins d’assurer le rôle d’intervenant-pivot. Le but ciblé est simplement d’assurer la continuité des soins de santé.

«Au-delà de l’expertise de votre chirurgien orthopédiste, c’est vous qui jouez le rôle le plus important dans votre chirurgie et dans votre rétablissement. Vous souhaitez le meilleur résultat possible de l’opération, vous devez donc vous y préparer.»

Ces lignes sont exprimées en caractères gras, dans le document remis aux patients subissant les chirurgies. Cette micro-réforme qui pourrait avoir les allures d’une énième refonte organisationnelle, aux impacts concrets nébuleux, ne fait donc pas dans la dentelle pour faire réaliser au patient qu’il est largement tributaire de sa réadaptation. Évidemment, il est outillé par une équipe multidisciplinaire dévouée, disponible et diversifiée : physiothérapeute, thérapeute en réadaptation physique, ergothérapeute, infirmier, médecin, préposé aux bénéficiaires, intervenants à domicile, etc.

Julie Lavoie, directrice des communications du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Domaine-du-Roy, confirme cette position favorisant l’empowerment du patient : «Avant, le patient venait porter son genou à l’hôpital pour se faire opérer. Maintenant, il devient un partenaire actif dans l’ensemble de la trajectoire.» [3]

Une durée d’hospitalisation réduite

Depuis le mois de janvier 2014, l’Hôtel-Dieu de Roberval a vu la durée moyenne de séjour réduite de façon significative. En moyenne, la période d’hospitalisation est écourtée de 3 jours, autant pour les interventions au genou qu’à la hanche. Ainsi, dans le cas d’une prothèse totale du genou (PTG), la durée d’hospitalisation est passée de 8 à 5 jours. En ce qui concerne les cas de prothèse totale de hanche (PTH), le séjour post-chirurgical est passé 7 à 4 jours.

Alors que les patients sont souvent pris au dépourvu face à des avis différents entre les orthopédistes et physiothérapeutes, l’ensemble de l’équipe médicale de l’Hôtel-Dieu de Roberval exprime un message qui résonne à l’unisson aux oreilles des patients : la réadaptation est charnière et ils en sont les instigateurs premiers.

Ce suivi s’entame dès les instants précédents une chirurgie. Au cours  des premières rencontres avec son chirurgien-orthopédiste, le patient reçoit un guide exhaustif intitulé Retrouver sa qualité de vie pas à pas[4]

Ce dernier détaille les étapes de sa remise en forme en filigrane d’un message porteur de toute la philosophie du suivi systématique : «Votre récupération dépendra de votre état de santé, de votre motivation, de vos efforts personnels et de votre capacité à reprendre vos activités habituelles.»

La réadaptation préconisée par une équipe unie

Dr. François De La Huerta, qui pratique depuis près de 3 ans à titre de chirurgien-orthopédique au CSSS du Domaine-du-Roy, s’efforce d’éduquer ses patients à ce sujet. Il a modifié son attitude, sans pour autant avoir changé ses méthodes chirurgicales, dans un souci de guérison optimale des patients.

«Ce projet ne change rien à la chirurgie en soi. Nous invitons plutôt le patient à participer à sa récupération et à sa réadaptation dans le but d’obtenir le résultat maximal.» [5]

Par le truchement de ses actions, le patient évite également une immobilisation pouvant générer des causes d’hospitalisation secondaires à sa chirurgie. À ce propos, Dr. De La Huerta affirme que : «La grande partie des complications en orthopédie proviennent de l’immobilité du patient.» [5]

Marie-Michèle Couturier est une physiothérapeute qui oeuvre à l’implémentation de ce projet depuis plusieurs mois. Elle se réjouit des gains, tant pour ses patients que pour le réseau de santé. Par-dessus tout, elle apprécie la cohérence existant dans le discours de tous les intervenants, des spécialistes de la chirurgie aux intervenants en réadaptation en passant par les intervenants à domicile :  «Maintenant, tout le monde tient le même discours auprès des patients et ça fait toute la différence.» [5]

L’accessibilité à la physiothérapie préoccupe 80% des médecins canadiens

Ce modèle pourrait inspirer d’autres établissements de santé à l’échelle pan-candienne. La croissance des coûts de prestation des soins de santé, corrélée à une inversion de la courbe démographique au sein de la population est responsable d’une surcharge du système de santé, affectant particulièrement l’accessibilité aux soins de réadaptation.

En effet, les résultats d’une étude de l’Association médicale canadienne révélait que le problème d’accès aux soins de physiothérapie dans le réseau public figure en tête de liste des préoccupations des médecins canadiens.  [8]

En parallèle, les chirurgies de remplacement de genou et de hanches ont augmenté de 46% au cours des cinq dernières années. C’est ainsi qu’au courant de la dernière année, près de 9000 prothèses totales de genou et 8000 prothèses totales de hanches ont été posées dans la Province du Québec.

Références

  1. Institut canadien d'informations sur la santé. Hip and Knee Replacements in Canada: Canadian Joint Replacement Registry 2013 Annual Report. (Lien)
  2. Groupe de travail ministériel sur les professions de la santé et des relations humaines. Une vision renouvelée du système professionnel en santé et en relations humaines. Novembre 2011. (Lien)
  3. Isabelle Tremblay. La nouvelle approche porte fruit. Le Quotidien (Lien)
  4. CSSS Gatineau. Retrouver sa qualité de vie : Pas à pas (Lien)
  5. Isabelle Tremblay. La nouvelle approche porte fruit. Le Quotidien (Lien)
  6. Isabelle Tremblay. La nouvelle approche porte fruit. Le Quotidien (Lien)
  7. Isabelle Tremblay. La nouvelle approche porte fruit. Le Quotidien (Lien)
  8. Association médicale canadienne. Sondage national des médecins : Édition 2013. (Lien)

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