Lokomat à Sainte-Justine

Un robot automatise les séances de marche assistée au Centre de réadaptation Marie Enfant

Le Centre de réadaptation Marie Enfant (CRME) fait une première au Québec, en se dotant d’un appareil robotisé de rééducation à la marche, le Lokomat.  Déjà présent à Toronto et Edmonton [1], il pourrait être un outil de choix pour les physiothérapeutes en pédiatrie, auprès d’une clientèle affligée d’une atteinte nerveuse centrale. Plus de 500 patients, agés de 4 à 18 ans, pourront intégrer cet outil dans leur réadaptation.

Josiane Lemaire, physiothérapeute au CRME, a pu utiliser le Lokomat auprès d’un de ses patients, Emmanuel Mavridakis. Âgé de 14 ans,  il est devenu paraplégique suite à un accident il y a quelques mois à peine. Ses parents ont joué un rôle marquant dans ce projet, en militant activement en faveur de l’acquisition de l’appareil.

Optimiser les séances de physiothérapie

Leurs efforts ont porté fruit puisqu’Emmanuel fut le premier à pouvoir bénéficier du robot pour ses séances de marche. «Dans le cas d’Emmanuel, qui ne peut pas du tout bouger ses jambes, l’appareil le guide à 100%. Pour un autre patient, on pourrait diminuer la guidance, et le patient ferait une partie du travail», a expliqué Mme Lemaire [2].

Elle ne cache pas sa satisfaction face à l’optimisation des séances. «Avant d’avoir cet appareil, on devait être trois thérapeutes pour faire marcher les patients en réadaptation sur un tapis : une pour chaque jambe et une autre pour faire les transferts de poids», a-t-elle affirmé en entrevue.

Faire la différence pour des lésions nerveuses

Le Centre de réadaptation Marie Enfant a indiqué[3] que la nouvelle acquisition sera utilisée auprès d’une clientèle aux diagnostics variés. Le dénominateur commun des patients est la présence d’une atteinte fonctionnelle en matière de mobilité, d’équilibre et de coordination.

Le Lokomat peut-être utilisé dans le cas d’atteintes nerveuses centrales acquises ou congénitales. Ainsi, des patients souffrant de paralysie cérébrale peuvent en bénéficier aussi efficacement que ceux dont la mobilité est réduite secondairement à un traumatisme crânio-cérébral ou un arrêt vasculaire cérébral.

Pour les physiothérapeutes, cette nouvelle pourrait optimiser drastiquement les séances de thérapie. Catherine Sevigny, directrice générale de la Fondation Mélo, affirme ainsi qu’à l’heure actuelle, trois professionnels sont nécessaires pour réaliser dix minutes de marche assistée.  «Mais avec le Lokomat, il pourra faire une heure de marche assistée seul», explique-t-elle dans une entrevue. [4]

Lokomat

Il est constitué d’une orthèse destinée à normaliser le patron de marche des enfants. Il permet d’automatiser des séances de locomotion assistée et offre une rétro-action en temps réel au patient. Inventée par Hocoma [5], une entreprise suisse, cette technologie permet un apprentissage moteur propre à la tâche et un renforcement neuroplastique via la répétion de tâches.

De l’aveu du Dr Fabrice Brunet, directeur général du CHU Sainte-Justine, cette acquisition est en phase avec les aspirations de l’institution montréalaise. Il se réjouit de la position de chef de file en matière d’atteintes musculo-squelettiques, qui est occupée par le Centre de réadaptation Marie Enfant.

Il réitère par le fait-même que cet appareil devrait servir à des fins cliniques et académiques puisque l’administration des soins, le développement du savoir et le dépassement scientifique sont des priorités qui lui tiennent à coeur.

« L’intégration soins, enseignement, recherche est au coeur de nos innovations et permet ainsi pour tous les projets que nous mettons en place de les mesurer et de les évaluer pour le plus grand bénéfice de notre clientèle. »

Le Centre de réadaptation Marie Enfant a de grandes ambitions, puisqu’il aspire à devenir le plus important pôle en réadaptation pédiatrique au pays.

Rassembler cliniciens et patients

La rareté de l’appareil en sol québécois n’est pas le fruit du hasard. À son coût exorbitant, chiffré à près d’un demi-million de dollars, s’ajoute des frais accessoires en lien avec l’installation et la maintenance. Une facture totale de 650 000$.

Pour réaliser ce projet, la Fondation Mélio, desservant le Centre de réadaptation Marie Enfant, a pu compter sur un appui particulier. Pour la première fois, elle a fait front commun avec la Fondation du CHU Sainte-Justine dans l’espoir de mobiliser toute la communauté : cliniciens, parents et enfants.

François Hudon, président du conseil d’administration de la Fondation Mélio, ne cache pas son enthousiasme face à la complétion de l’acquisition.

Il résume en affirmant : « Je me réjouis de ce projet mobilisateur réalisé de concert avec les thérapeutes, les familles des enfants utilisateurs et la Fondation CHU Sainte‐Justine, afin d’accélérer l’acquisition de cet équipement novateur.

Cette première collaboration entre les deux fondations semble fructueuse. La Fondation CHU Sainte-Justine, s’est engagée à soutenir l’innovation et la recherche en matière de réadaptation, affirme Anièle Lecoq, directrice générale de l’organisme.

Références

  1. Le tapis roulant automatisé travaille le cerveau et aide les albertains à se remettre sur pied.(Lien)
  2. Entrevue avec Roxane Léouzon (Lien) 
  3. Communiqué de presse. Le Centre de réadaptation Marie Enfant se dote d'un appareil robotisé de rééducation de la marche destiné aux enfants atteints de troubles moteurs (Lien)
  4. Entrevue avec Jasmin Lavoie (Lien)
  5. Guide de l'utilisateur de l'appareil de marche assistée Lokomat (Lien)

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