Éveil difficile pour les patients de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus

Depuis quelques semaines, les patients opérés à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus passent des heures prolongées en salle de réveil post-opératoire. Ainsi, plus d’une cinquantaine d’entre eux ont passé une nuit entière dans ce contexte alors que plusieurs autres ont vu leur séjour se prolonger sans explication claire.

Soins compromis

Suite à l’opération chirurgicale, la procédure veut que les patients soient dirigés en salle de réveil pour quelques heures, avant de pouvoir intégrer une chambre.  Ces heures semblent se prolonger de manière importante pour les patients traités au CHUQ, depuis le mois de janvier.

Ce délai n’est pas sans conséquence puisque les patients en attente de transfert ne peuvent recevoir des soins adéquats. Notamment, l’offre de service en physiothérapie se voit complexifiée, puisque la salle de réveil n’est pas aménagée pour l’administration de tels soins.

Nancy Bédard, présidente de l’Alliance des syndiquées interprofessionnelles du CHUQ, ajoute que «la salle de réveil n’est pas organisée pour donner tous les soins. Des patients ont besoin de voir un physiothérapeute, un inhalothérapeute. Il ne faut pas faire semblant que ce sont des soins intensifs à la salle de réveil. »

Impacts multiples

Selon Mme Bédard, les patients se retrouvent donc dans une situation très peu enviable, souvent laissés à eux-mêmes sur des civières inconfortables, au côté de patients endormis et très malades.  «Pour le commun des mortels, quand tu entres dans une salle de réveil et que tu vois des patients endormis, c’est pas une atmosphère que l’on a envie de voir. Il y en a qui sont malades, qui vomissent, qui ont de la misère à respirer», a-t-elle ajouté dans une entrevue avec Le Soleil.

L’entourage familial des patients déplore également la situation, en se disant irrité par cette réalité. La représentante syndicale ajoute ainsi que  : «Il va arriver quelque chose. Ce n’est pas comme ça qu’on veut servir notre clientèle. Les familles pourraient nous en dire plus sur ce qu’elles ont vécu à la salle de réveil.»

Réduire les chirurgies

Une modulation du nombre de chirurgies, en fonction des chambres disponibles, serait une solution à envisager pour un retour à la normal. De l’aveu même de Mme Bédard, cette procédure pourrait déplaire aux chirurgiens et pourrait envenimer la situation en prolongeant les listes d’attente.

Elle affirme dans la même veine que le recherche incessante de productivité, de la part du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, est également responsable de cette dérive. «C’est épouvantable. Ça peut avoir du bon, mais il y a des lumières rouges. Le système pourrait déraper avec une telle façon de produire», affirme-t-elle.

Le CHUQ rassurant

Le CHUQ se veut beaucoup plus rassurant et rejette du revers de la main les allégations syndicales. Un porte-parole rapporte que tous les soins sont dispensés conformément aux besoins des patients et «qu’il est faux de prétendre que les patients coucheurs sont en douleur ou mal soignés. Ces patients reçoivent la même qualité de soins que sur l’unité d’hospitalisation.»

Selon la direction de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, le séjour prolongé de personnes âgées en post-chirurgie serait responsable d’une pénurie de lits. Cette dernière pourrait expliquer la situation en retard l’accès à une chambre.

Cependant, la direction de l’hôpital reconnaît que l’annulation de chirurgies était à éviter, le plus possible, afin de pouvoir respecter les normes imposées par le ministère de la Santé.

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