Athlète avec traumatisme crânien de type TCC

Traumatisme crânien : 3 fois plus de risque de mortalité précoce

Les survivants à un traumatisme crânien sont trois fois plus susceptibles de mourir prématurément que la population générale, souvent suite à un suicide ou à des blessures mortelles.

Environ 1,7 millions de personnes aux États-Unis ont eu un traumatisme crânien chaque année entre 2002 et 2006 , selon un rapport des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Selon le même rapport, 275 000 d’entre elles ont été hospitalisés puis renvoyées chez elles. Parmi ces patients, 52 000 sont morts . Les causes les plus communes sont : les accidents de voiture, les chutes et les blessures sportives.

Pour cette étude, les chercheurs ont considéré un traumatisme crânien, comme un coup à la tête qui cause une fracture du crâne, une hémorragie interne, la perte de conscience pendant plus d’une heure ou une combinaison de ces symptômes. Les commotions cérébrales, parfois appelées traumatismes crâniens légers, ont été analysées séparément, car elles ne présentent pas ces symptômes .

Les chercheurs ont examiné les dossiers médicaux datant de 41 ans de 218 300 patients suédois qui on survécu à un traumatisme crânien, de 150 513 frères et sœurs survivants à des traumatismes crâniens et de plus de 2 millions de cas témoins de la population générale classés par sexe et par âge. Le travail a été effectué par des chercheurs de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni et de l’Institut Karolinska à Stockholm.

Le Dr Seena Fazel, chercheur en psychiatrie à Oxford, a déclaré dans un communiqué de presse : « Nous avons constaté que les gens qui survivent six mois après un traumatisme crânien restent 3 fois plus susceptibles de mourir prématurément que la population témoin et 2,6 fois plus susceptibles de mourir que les frères et les sœurs non affectés. En analysant les données des frères et des sœurs qui n’ont pas subi de traumatisme crânien, on a pu contrôlé les facteurs génétiques et l’éducation. Curieusement, l’effet reste présent même après considération de ce facteur ».

Les résultats ont été publiés le 15 janvier sur le site web de la revue JAMA Psychiatry. Ils montrent que les survivants à des traumatismes crâniens qui ont également des antécédents de troubles psychiatriques ou d’abus de substance sont à plus haut risque.

Dans le groupe d’étude, 3.8% des survivants à des traumatismes crâniens avec des antécédents de troubles psychiatriques ou d’abus de substance sont morts prématurément. Le chiffre est de 6.2% parmi ceux qui ont des antécédents d’abus de substance uniquement.

Les chercheurs ont défini l’âge de mort prématurée à 56 ans. Ils ont découvert que les causes les plus communes de la mort prématurée chez les survivants à des traumatismes crâniens sont les suicides et les blessures mortelles occasionnées notamment par des accidents de voiture et des chutes.

Le Dr Fazel a indiqué dans son communiqué de presse que les survivants à des traumatismes crâniens sont deux fois plus susceptibles de se suicider que les frères et les sœurs non affectés. Il a ajouté que beaucoup de survivants ont développé des troubles psychiatriques après leur traumatisme crânien.

Il a également déclaré que les directives actuelles ne recommandent pas d’évaluer la santé mentale ou le risque de suicide chez les patients qui viennent de subir un traumatisme crânien et prennent plutôt en considération la survie à cours terme.

En observant ces résultats, on peut commencer à considérer de traiter les personnes ayant subi un traumatisme crânien comme des patients souffrant d’un problème chronique, ce qui nécessiterait une prise en charge prolongée et plus organisée, comme avec la diabète ou l’épilepsie. Certains survivants à un traumatisme crânien doivent être surveillés pour détecter d’éventuels signes de dépression, de toxicomanie ou de tout autre trouble psychiatrique.

Les chercheurs signalent tout de même que les raisons exactes de l’augmentation du risque de mort prématurée chez les survivants à un traumatisme crânien restent inconnues, mais qu’elles incluent probablement l’atteinte de certaines zones cérébrales responsables du jugement, de la décision et de la prise de risque.

Le Dr Fazel conclut enfin en disant que les personnes qui viennent de subir un traumatisme crânien devraient être informées sur l’existence de ces risques et les mesures à prendre pour les éviter.

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