Anamnèse d’une iniquité salariale qui perdure

Équité Physio

L’iniquité salariale dont sont victimes les physiothérapeutes pratiquant dans le réseau public est vivement contestée par l’intermédiaire d’une pétition lancée par Nadia Marquis, Isabelle Paradis et Mario Langlois.

Ces physiothérapeutes redoublent d’efforts puisque ce geste est leur troisième tentative afin de faire corriger une situation dont ils s’indignent. En collaboration avec Physiotherapeute.com, un site informatif a été mis en ligne, afin d’assurer une visibilité accrue à la cause. Sous le vocable Équité Physio, il est accessible dès maintenant et nous vous invitons à le partager.

Le rehaussement à la maîtrise professionnelle

L’origine du conflit actuel est imputable à des formalités administratives, largement complexifiées par des mises à jour règlementaires.

Au tournant des années 2000, les universités québécoises ont entamé un processus de rehaussement des programmes de formation en réadaptation. Inspirés par leurs homologues américains, les organismes régissant la formation universitaire en physiothérapie, tant au niveau national que provincial, avaient décidés de faire passer le baccalauréat à un continuum baccalauréat-maîtrise.

En coordination, les ergothérapeutes enclenchaient le même processus. Ce faisant, la maîtrise professionnelle devenait le fer de lance des programmes de physiothérapie et ergothérapie au Québec.

Le déploiement et la mise en place du cursus rafraichi se sont donc faits de façon graduelle, chaque institution progressant à son rythme. En 2006, l’Université de Montréal et l’Université McGill offraient déjà le continuum bac-maîtrise en physiothérapie et ergothérapie.

Anamnèse d'une iniquité salariale qui perdure

Dernière en lice, l’Université Laval n’avait pas encore procédé à l’offre de maîtrise, qui serait implémentée, quelques mois plus tard.

En 2008, le Québec pouvait finalement, et non sans fierté, se targuer d’avoir standardisé la formation au niveau de la maîtrise professionnelle, tant pour ses étudiants en physiothérapie que pour ceux en ergothérapie.

En soi, une décision en conformité avec les aspirations des professions en phase avec une volonté de développer les connaissances de ses praticiens futurs et charnière puisqu’elle servirait de prémisse à un potentiel rehaussement doctoral au cours de la décennie suivante.

Pour que formation rime avec rémunération

Les nouveaux diplômés de ces programmes de maîtrise professionnelle en physiothérapie et ergothérapie se présentaient sur le marché du travail avec un diplôme de second cycle. La rémunération associée devait faire l’objet d’un ajustement, de par une demande déposée par chaque ordre professionnel auprès de l’Office des professions.

Dès 2006, l’Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ) a anticipé les choses et entamé ses démarches avant même que l’Université Laval ne finalise le rehaussement à la maîtrise.

« L’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) a transmis sa demande plus tard que les ergothérapeutes. Je ne considère aucunement qu’ils étaient en faute. Ils ont simplement attendu que l’Université Laval soit au niveau de la maîtrise, ce qui est arrivé à l’automne 2008 », explique Isabelle Paradis, physiothérapeute et conseillère professionnelle à l’Institut de réadaptation en déficience physique du Québec (IRDPQ).

Nadia Marquis, physiothérapeute au CHU Sainte- Justine, explique comment ces simples délais se sont amplifiés dans l’engrenage administratif de l’État :

« Parce que les ergothérapeutes ont déposé leur demande près de 2 ans avant nous, ils ont pu esquiver l’arrivée d’une nouvelle modification règlementaire. L’OPPQ a tout de même déposé sa demande de rehaussement de diplôme plus de 24 mois avant la date de l’évaluation du maintien de l’équité salariale, mais contrairement au cas des ergothérapeutes, elle a été soumise à une nouvelle directive exigeant l’évaluation par trois organisations, soit le Conseil du trésor (SCT), le Ministière de la santé et des services sociaux (MSSS) et le Ministière de l’éducation, du loisir et du sport (MELS). Cela a entraîné un délai supplémentaire de plus de 11 mois pour le dossier des physio, de sorte que le jour de l’évaluation du maintien, le diplôme de maîtrise n’était pas encore officiellement reconnu. La commission de l’équité salariale a alors octroyé une hausse qu’aux ergothérapeutes, car seule leur maîtrise était alors officiellement reconnue. »

« Puisque les salaires au privé sont basés sur les standards du réseau public, il est tout à fait possible que le gain d’une rétroactivité puisse bénéficier à l’ensemble des physiothérapeutes du Québec, peu importe leur milieu de pratique. »

À en croire Mme Marquis, les développements en lien avec cette pétition ne doivent pas susciter un désintéressement des physiothérapeutes oeuvrant en pratique privée.

 

 

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