Maladie non transmissibles

Le rôle vital des physiothérapeutes dans la prévention des maladies non transmissibles

La Confédération mondiale de la physiothérapie souhaite que les physiothérapeutes prennent conscience du rôle vital qu’ils jouent dans la prévention et la prise en charge des maladies non transmissibles  : maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires chroniques, diabète et cancer.

Selon Dre Marilyn Moffat, présidente de l’organisation dont fait partie l’Association canadienne de physiothérapie, le rôle des physiothérapeutes outre-passe la promotion de l’activité physique puisque les physiothérapeutes peuvent et doivent travailler sur l’ensemble des facteurs de risque susceptibles de mener au développement de ces maladies.

«Le temps d’une action concertée contre ce fléau est arrivé et les physiothérapeutes ont un rôle vital à jouer», affirment Marilyn Moffat et Tracy Bury, respectivement présidente et chargée des politiques professionnelles pour l’organisation mondiale.

De la promotion de la santé à la prévention des maladies en passant par le développement des capacités physiques et le maintient de l’autonomie, l’apport des professionnels de la physiothérapie pourra changer la donne pour des millions de patients.

Pas seulement l’activité physique

Dre Marilyn Moffat[1] adhère à ces positions puisqu’elle est signataire d’un éditorial énonçant ces positions. [2]

Celle qui a siégé comme présidente de l’Association américaine de physiothérapie est présentement enseignante à l’Université de New York.

Selon cette dernière, la communauté professionnelle doit prioriser l’établissement d’évidences scientifiques qui démontrent l’efficacité des interventions en physiothérapie en lien avec l’ensemble facteurs de risque associés aux maladies non transmissibles.

En saisissant de telles opportunités,  elle ajoute que «nous souhaitons que les physiothérapeutes prennent en charge tous les facteurs de risque associés aux MNT et pas seulement l’activité physique.»

Même si à elle seule, l’inactivité physique cause plus de 3 millions de décès annuellement, d’autres facteurs de risques sont communs à ces maladies : le tabagisme, les abus d’alcool et l’alimentation.

Mis en commun, ils engendrent les balbutiments menant au développement des maladies :  augmentation de la pression sanguine, embonpoids et obésité, hyperglycémie et hyperlipémie.

Des physiothérapeutes hésitant

Dans un plaidoyer teinté d’une urgence d’agir, la Confédération énonce ses souhaites : impliquer les associations nationales et développer des approches spécialisées permettant aux physiothérapeutes de contribuer à l’érosion de ce fléau. Le but étant d’intégrer une approche multi-factorielle au sein des programmes de formation et des milieux de pratique.

Une des barrières à l’implémentation d’une telle vision des soins en physiothérapie est que les cliniciens peuvent être amené à penser que leur champ de pratique doit se limiter à une approche uni-factorielle : celle de la promotion de l’activité physique.

Une étude irlandaise menée par l’équipe de Grainne O’Donoghue, dont les résultats ont fait l’objet d’une publication le mois dernier [3]. Les chercheurs se sont intéressés aux facteurs de risque les plus évalués par les physiothérapeutes irlandais lors de la prise en charge de patients en première ligne.

Sans surprise, 80% des répondants accordaient une importance majeure au niveau d’activité physique alors que 55% des cliniciens prenaient en considération le régime alimentaire de leur patient.Le statut tabagique et la consommotion d’alcool n’ont été évalué que par un très faible pourcentage de physiothérapeutes.

Les raisons les plus cités sont le manque de temps, les connaissances limités et la perception que ces aspects ne découlent pas traditionnellement du champ de pratique de la physiothérapie.

Une urgence en santé mondiale

Les quatres maladies non transmissibles les plus prévalantes, aussi appelées maladies non communicables, sont : les pathologies cardio-vasculaire, les maladies respiratoires chroniques, le diabète et le cancer. Toutes ces problématiques de santé peuvent être prévenues et/ou traitées de façon à permettre aux patients une espérance de vie prolongée.

Elles sont la première cause des coûts des soins de santé au Canada [4]. Annuellement, plus de 150 00 patients canadiens sont emportés par une maladie non transmissible (MNT), ce qui représente 89% des décès au pays  [5].

À l’échelle planétaire, plus de 36 millions de décès sont attribuables à ce fléau inquiétant. [6]

Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon décrit le fardeau des maladies non transmissibles comme une urgence en santé publique dont l’action se fait au ralentit, voire silencieusement. [7]

En plus d’inquiéter les diplomates et d’impliquer les professionnels de la santé, le phénomène attise les craintes des économistes, à un point tel que le prestigieux Forum économique mondial considère que les maladies chroniques représentent un risque majeur à la stabilité économique, tant dans les pays développés que sous-développés.  [8]

Références

  1. Biographie de Marilyn Moffat, professeure à l'Université de New York (Lien)
  2. Physiotherapists have a vital part to play in combatting the burden of noncommunicable diseases (Lien)
  3. Assessment and management of risk factors for the prevention of lifestyle-related disease: a cross-sectional survey of current activities, barriers and perceived training needs of primary care physiotherapists in the Republic of Ireland (Lien)
  4. Infirmières et infirmiers en santé communautaire du Canada, 2012, p. 2
  5. Organisation mondiale de la Santé : statistiques canadiennes en 2011
  6. Aide-mémoire N°355 de l'Organisation Mondiale de la Santé sur les maladies non transmissibles. (Lien)
  7. Sécrétaire général des Nations-Unies, en conclusion d'une présentation mentionnant l'importante des partenariats en santé afin d'atteindre les objectifs du Millénaire(Lien)
  8. Rapport du Forum économique mondial sur les risques globaux, déposé à Genève en Suisse

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